Isabelle Gagnon

57

On se souvient toujours de son premier lever de soleil.
Ce soleil qui embaume une pièce.
Celui qui adoucit la stupeur.
Celui qui parfume avec ses rayons.

On se souvient toujours de ce premier sentiment d’impuissance.
Ce sentiment qui nous poursuit les semaines suivantes.
Celui qui alourdit nos pas.
Celui qui se transforme en vendetta.

On se souvient toujours de cette première impression.
Cette impression qu’il est trop tard depuis trop longtemps.
Celle qui appose l’étiquette à l’orteil.
Celle qui se transforme en peur.

On se souvient toujours de cette première chambre pleine à craquer.
Cette chambre qui devient un champ de bataille.
Celle qui comble son silence par l’urgence.
Celle qui passe de privée à publique.

On se souvient toujours de cette première rencontre.
Cette rencontre qui justifie chaque respiration.
Celle qui nous change à jamais.
Celle qui passe d’un état à l’autre.

On se souvient toujours de son premier lever de soleil.
Ce soleil qui perce le matin.
Celui qui permet de reprendre son souffle.
Celui qui détache l’âme du corps.

Arrêt des procédures.

Heure du décès : 4 h 57.

On se souvient toujours de son premier cinquante-sept.